ex: Un détenu tabassé à la prison de Rouen

Un détenu tabassé à la prison de Rouen

Les faits se seraient déroulés dans l'enceinte de la maison d'arrêt de Rouen. Alors qu'il aurait demandé à maintes reprises l'aide et la protection de l'administration pénitentiaire, Mohamed Ben Aouicha aurait été violement frappé par ''trois ou quatre détenus". Traumatisé le jeune homme âgé de 20 ans menace de se suicider. Sa famille a porté plainte. Plus d'infos : http://normandie.france3.fr/info


 


 

Deux surveillants des Baumettes sont accusés de viol sur une détenue

Marseille (Bouches-du-Rhône) de notre correspondant régional

Deux surveillants de la prison marseillaise des Baumettes ont été mis en examen vendredi 14 février par la juge d'instruction Laetitia Ugolini pour "viol aggravé" sur une détenue de la maison d'arrêt des femmes (MAF), où 120 personnes sont incarcérées. Le premier est accusé d'avoir commis quatre viols sur la même détenue, le second n'aurait agi qu'une seule fois.

Rapportée par La Provence, l'affaire aurait été révélée par des confidences du premier surveillant à ses chefs. Alertée, la direction de la prison a saisi le parquet, qui a ouvert une information judiciaire. Vendredi soir, la juge d'instruction convoquait les deux hommes dans son cabinet. Tous deux se sont vu interdire d'exercer leur profession et de rencontrer quiconque de l'administration pénitentiaire. Ils ont été laissés en liberté. Le parquet a annoncé lundi son intention de faire appel.

Chargé de l'entretien des bâtiments depuis dix ans, le premier surveillant, par qui le scandale a été connu, reconnaît la réalité des rapports sexuels. Mais il se défend en affirmant que la victime était consentante. Celle-ci aurait d'abord refusé de le dénoncer par peur de représailles, avant de témoigner contre lui. Une autre détenue confirmerait les accusations.

GRAND ÉMOI

L'autre accusé, qui travaillait au contrôle des accès de la MAF, nie les accusations. Selon son avocate, Béatrice Zavarro, il a présenté au juge son emploi du temps : la nuit où le viol dont il est accusé a eu lieu, il n'était pas à la prison. Les policiers de la brigade urbaine chargés de l'enquête vont maintenant chercher à collecter de nouveaux témoignages de détenues sur les faits qui se sont déroulés entre la fin décembre 2002 et le début janvier.

La révélation de l'affaire a provoqué un grand émoi parmi les gardiens. La réaction des syndicats a été immédiate. Jean-Claude Bichler, délégué d'établissement de Force ouvrière, majoritaire aux Baumettes, se dit "atterré par les accusations portées sur des garçons que l'on connaît bien et qui sont dignes de foi". Il s'étonne ensuite "qu'accusés de viol les collègues soient laissés en liberté" et met en garde contre "les cabales parfois montées par les prisonniers dont on apprend ensuite qu'elles ne reposaient sur rien".

L'affaire, si elle s'avérait, serait une première dans cette prison. En effet, les relations entre les surveillants masculins et les détenues sont très strictement limitées. Normalement, seules des surveillantes peuvent être en contact direct et solitaire avec les prisonnières, les hommes étant cantonnés à la surveillance extérieure des accès à la MAF, à l'accompagnement vers les parloirs, et en tout cas jamais la nuit.

Michel Samson



ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.02.03

 
 


Un juge de Montpellier ordonne de réintégrer un détenu dans sa cellule.

Libération

 

 

 

 

 

Par Pierre DAUM

lundi 19 janvier 2004

 

 

Aix-en-Provence correspondance

'est une première dans l'histoire des prisons françaises. Qui pourrait remettre profondément en cause le régime du mitard. Vendredi, un juge du tribunal administratif de Montpellier a ordonné le retour immédiat dans sa cellule d'un prisonnier placé au quartier disciplinaire quelques jours auparavant. «Quand on connaît la toute-puissance des directeurs de prison dans l'utilisation du mitard, c'est une décision incroyable !», s'est exclamé l'avocat du détenu, Me Jean-Marc Darrigade, qui n'en revenait pas d'avoir gagné.

L'histoire revêt pourtant les caractéristiques de la banalité carcérale. En novembre, le détenu Parker (1), incarcéré à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier, est surpris par un surveillant avec un téléphone mobile. Un objet interdit en prison. Le 7 janvier, accompagné par son avocat, Parker est convoqué devant le conseil disciplinaire. Il est condamné à trente jours de cachot, dont dix avec sursis. Une peine qui prend effet immédiatement. Furieux de «participer à une parodie de justice», qui impose la privation de contact avec le monde extérieur, 23 heures sur 24 de présence en cellule, aucune activité, pas de livre, pas de télévision pour un «crime aussi léger», l'avocat dépose un recours contre la décision de l'administration pénitentiaire. Non pas un de ces recours longs, dont la procédure dure plusieurs années, sans aucun effet donc sur la peine purgée. Mais un recours en urgence ­ référé liberté ­ auprès du tribunal administratif.

A l'appui de sa requête, l'avocat dénonce une procédure disciplinaire «manifestement illégale» sur au moins trois points : le détenu, comme son avocat, n'a reçu une copie du dossier que vingt minutes après l'heure de la convocation à l'audience, or la loi impose qu'il l'ait trois heures avant. Composé d'une maigre feuille, ce «dossier» ne comporte même pas le rapport du surveillant. Et, surtout, lors de l'audience, l'objet du crime ­ le téléphone portable ­ avait «disparu».

Vendredi soir, le juge a donné raison à Me Darrigade. Parker doit être immédiatement réintégré dans sa cellule normale. Et l'Etat doit lui verser 1 000 euros de dédommagement. «C'est du jamais vu !» se réjouit Hugues de Suremain, de l'Observatoire international des prisons (OIP). Même si les conséquences de cette jurisprudence montpelliéraine sont encore difficiles à évaluer, «on peut espérer, reprend Hugues de Suremain, que les directeurs d'établissements pénitentiaires vont regarder à deux fois avant de condamner au mitard». Selon les dernières statistiques de l'OIP, 60 détenus sur 100 y ont un jour goûté.

(1) Son nom a été modifié.

 






Un détenu devenu paraplégique
porte plainte



NOUVELOBS.COM | 17.02.04 | 07:46

Un détenu devient paraplégique après s'être plaint pendant des mois d'un mal de dos. L'administration ne le prenait pas au sérieux.

Le parquet de Compiègne (Oise) a ouvert fin janvier une information judiciaire contre X pour "non assistance à personne en danger", après la plainte d'un détenu devenu paraplégique en prison, a-t-on appris lundi auprès du parquet. Anthony Pelfini, 21 ans, incarcéré à la maison d'arrêt de Compiègne, a porté plainte contre l'administration pénitentiaire et ses médecins, pour une opération chirurgicale intervenue trop tard, selon lui, pour empêcher sa paraplégie. "J'ai décidé d'ouvrir une information judiciaire le 27 janvier, peu après le dépôt de plainte de Anthony Pelfini, et après avoir eu tous les rapports de l'administration pénitentiaire", a déclaré Eric Boussuge, procureur de la République de Compiègne.

Pour l'administration, le mal était psychologique


 


 

 

 

Pendant six mois, les douleurs d'un détenu cancéreux ont été ignorées.
«Rentré en prison sur ses deux jambes, sorti dans un fauteuil»

 

 

 

Par Gweltas MORICE

lundi 16 février 2004

 

 

Nogent-sur-Oise correspondance

oincé dans un fauteuil roulant, Anthony Pelfini ne voit plus la lumière du jour que par la fenêtre de son appartement de Nogent-sur-Oise. Un univers bouché par les tours voisines, mais un monde plus réjouissant que la longue agonie qu'il a vécue à la maison d'arrêt de Compiègne. Ecroué dans cet établissement en mars 2003 après une condamnation à trente mois de prison ferme pour vol à main armée, ce Nogentais de 21 ans a quitté sa cellule en décembre pour être hospitalisé d'urgence. Diagnostic : la tumeur qui écrasait sa moelle épinière, ses vertèbres et ses nerfs l'a rendu paraplégique.

«Il est rentré en prison sur ses deux jambes et il en est sorti dans un fauteuil roulant parce qu'on a refusé de le soigner, dénonce Pierre-Henri Kromwell, militant à l'Observatoire international des prisons (OIP) dans l'Oise. Si le neurochirurgien qui l'a opéré l'avait eu trois jours plus tôt, il aurait pu sauver ses jambes. Sauf qu'Anthony, cela faisait six mois qu'il se plaignait et qu'on essayait d'étouffer ses douleurs par des calmants. Que de temps perdu...»

Plutôt sportif avant son incarcération, l'ancien footballeur a rapidement senti, en effet, «des coups de poignard» torturer son dos. A partir du mois de mai, le détenu se rend à l'infirmerie pratiquement tous les jours. Des cachets, puis des piqûres. En juin, Anthony Pelfini passe des radios à l'hôpital de Compiègne, où il retourne en septembre pour un scanner. Les examens ne révèlent rien de particulier. «Après, ils ont arrêté de me donner un traitement, se souvient-il. Ils disaient que je vivais mal l'incarcération, que mes douleurs étaient psychologiques.» Les autres détenus de la cellule 17 sont plus compatissants : certains lui proposent des massages.

«Blessures de guerre». «Au bout d'un moment, je ne supportais plus la douleur. Je me tapais la tête contre les murs et je m'ouvrais les bras avec des lames de rasoir. Un matin, un surveillant qui a vu, en ouvrant la porte de la cellule, que je pissais le sang, m'a dit : "Ça te fera des blessures de guerre"...»

Ses bras portent aujourd'hui cinquante et une traces d'automutilation. Le Nogentais écrit alors une lettre à ses parents : «Je veux mourir tellement j'ai mal !» Lorsqu'elle lit ces mots, sa mère saute sur le téléphone. «J'ai appelé pendant deux jours pour avoir de ses nouvelles mais on m'a répondu qu'il ne fallait pas que je m'inquiète», raconte Patricia Pelfini. Les jambes de son fils commencent justement à s'engourdir. En deux jours, il perd totalement l'usage de ses membres inférieurs. Incapable de se rendre dans les cuisines de la maison d'arrêt, où il était employé à la plonge, Anthony est invité à quitter sa cellule du premier étage, réservée aux travailleurs. «Comme je ne pouvais pas marcher, on m'a transporté sur un brancard et on m'a mis dans une autre cellule, sur un matelas en mousse posé par terre. Je suis resté allongé comme ça pendant une semaine. J'étais paralysé, je ne pouvais ni dormir, ni aller aux toilettes, ni manger. Je me suis vu mourir. Pour moi, je vivais mes derniers jours.»

Heureusement, un codétenu de la cellule 9 alerte l'infirmière de l'unité de soins ambulatoires qui intervient dans l'enceinte de la prison. Quand celle-ci découvre les jambes violacées du Nogentais, elle décide de le faire hospitaliser dans la journée à Compiègne. Aussitôt après son arrivée, il est transféré à Amiens (Somme), où une IRM met enfin sa tumeur en évidence. Une première intervention chirurgicale suit. Après un séjour en soins intensifs, l'ancien détenu peut finalement rentrer chez lui à la fin de l'année. Le juge d'application des peines lui a, en effet, fait cadeau d'une suspension de peine le 24 décembre.

Information judiciaire. Eric Boussuge, procureur de la République de Compiègne, vient d'ouvrir une information judiciaire contre X pour non-assistance à personne en péril. Un collège de médecins va être nommé pour réaliser des expertises qui devront préciser «si tout a bien été mis en oeuvre pour essayer de traiter sa pathologie durant sa détention».

«Quand on voit comment il a souffert, il y a de quoi avoir la rage», s'emporte Lionel Pelfini, le père d'Anthony. De son côté, l'administration pénitentiaire minimise sa responsabilité, en expliquant que, «dans chaque établissement, il y a une antenne hospitalière» et que «la santé des détenus est entièrement prise en charge par le personnel médical».

Anthony Pelfini va subir ce mois-ci deux nouvelles opérations destinées à éradiquer définitivement la tumeur. Il a très peu de chances de remarcher un jour.




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