Témoignage de la famille SOLTANI
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M. Boiron, substitut du procureur de Tarbes refuse de communiquer avec nous au téléphone ou de nous rencontrer. Il dit à la presse qu’il a en sa possession les premiers rapports ainsi que
les résultats de l’autopsie et qu’ils indiquent un « suicide par pendaison » et qu’il « s’apprête à classer l’affaire ». Or il affirme à notre avocat « n’avoir aucuns
résultats » et ne pouvoir donc ni nous les transmettre ni se prononcer sur les causes du décès et les suites à envisager pour cette affaire.
Il nous laisse dans l’attente pour nous pousser à enterrer le corps en Tunisie car il est informé que selon ce qu’indiquera cette autopsie nous pourrions être amenées à demander une contre-expertise et que ce serait extrêmement complexe de déterrer et faire revenir le corps.
A ce jour aucune des démarches légales à faire par la maison d’arrêt dont celle prévue par la circulaire du 12 mai 1981 n’ont été faites. Le directeur de l’établissement nous a reçu et a répondu à nos questions uniquement parce que l’OIP nous a informé de nos droits et que nous savions qu’il devait le faire. Le directeur sachant l’OIP à nos côtés n’a pu se soustraire mais son récit des faits a été plus qu’incohérent : lui seul avait la clé de la cellule, un gardien constate la pendaison à 19h50, l’appelle et l’informe, le Directeur sait qu’il y a risque vital, met 10 mn à arriver car il n’est pas présent et n’appelle les secours qu’à 20h à son arrivée, qui interviennent à 20h05 ... Pourquoi ne pas les avoir appelé à 19h50 pour gagner du temps puisqu’il lui fallait le temps de venir lui aussi et qu’il savait qu’un jeune garçon était pendu ? Et quelle insistance sur le fait que lui seul avait la clé ! Et la visite légale avant de mettre quelqu’un en quartier disciplinaire par un médecin a-t-elle eu lieu ou voulait-on cacher quelque chose au médecin qui ne passait que le lendemain du décès ? Tous ces dysfonctionnements ont été relevés par l’OIP.
Nous avons déposé une première plainte pour homicide volontaire avec préméditation et non-assistance à personne en danger et nous nous constituons partie civile. Après avoir vu son corps et pu constater qu’il avait été battu avec acharnement, nous n’excluons pas de faire d’autres dépôts de plaintes car l’enquête, les investigations et l’autopsie le démontreront, ces plaintes sont motivées par des éléments concrets (courrier de Belgacem, témoignage, état du corps qui à lui seul parle, et autres faits et documents) : il y a bel et bien eu harcèlement moral, intimidations, menaces de mort, coups et blessures volontaires, actes de torture. On ne peut en douter, c’est malheureusement la vérité et la triste réalité. Les marques qu’il a ne peuvent résulter d’une simple maîtrise suite à une altercation et malgré cela le procureur « indique qu’il n’y a rien de suspect en l’état actuel des investigations ».
Dès le départ nous avons exclu la possibilité d’un suicide, de plus cette thèse s’écroule à la vu de sa dépouille. Par ailleurs, il faut indiquer que depuis plus de 3 ans, Belgacem était perpétuellement menacé, harcelé par la police qui a tout fait pour l’envoyer en prison, lui précisant même qu’ils s’occuperaient bien de lui pour en finir définitivement. Nous possédons un certificat médical indiquant déjà de mauvais traitement de la police (étranglement, toujours de la strangulation ... ) et le MRAP en était averti. La police n’avait de cesse de l’impliquer dans différentes affaires et cela de manière douteuse, par exemple pour la même affaire convoqué une seconde fois en raison d’un report d’audience, les chefs d’inculpations changent, selon ce qu’on pouvait lui mettre sur le dos ou pas ... Par présomption, ou en montant en épingle de petites choses, du simple fait de sa présence non loin d’une histoire, on le considérait complice ou partie prenante, et la justice le condamnait sur la base des investigations et des rapports de ces mêmes policiers, dont elle savait qu’ils avaient pris en grippe Belgacem et qu’ils ne « l’aimaient pas ». une personne du MRAP peut témoigner des menaces, insultes à caractère racial, harcèlement de la justice à son encontre. Tous se sont déchaînés sur lui pour le briser alors qu’il faisait tout pour s’en sortir.
Finalement incarcéré en janvier 02 pour outrage à agent, préférant la prison plutôt que d’avoir à payer une amende à ces policiers, il a de nouveau été menacé. Durant son incarcération, il a subi maintes pressions et tentatives d’intimidation et de perpétuelles menaces de mort, d’où les différents transferts, mise en quartier disciplinaire et accrochage avec le personnel pénitentiaire, le dernier lui ayant coûté la vie puisqu’il devait voir le lendemain un médecin, quelqu’un de neutre et d’extérieur, qui aurait pu constater à quel point il avait été torturé !
Belgacem était quelqu’un de fort qui ne baissait pas la tête, ne se laissait pas faire et détestait l’injustice. Malgré tout, il gardait le moral, il avait des tas de projets et plus que l’envie,
la rage de s’en sortir. C’est même lui qui nous encourageait ! Il nous disait de ne pas nous inquiéter et ce que nous redoutions est arrivé, oui arrivé en France, ce pays des droits de
l’homme. Ces menaces ont fini par être exécutées, étrangement c’est arrivé dans le climat qui existe actuellement dans notre pays. C’était le 25 avril 2002, il avait 19 ans et on lui a pris sa
vie.
Famille SOLTANI